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Idéal standard ≡ Aude Picault

Idéal standard ≡ Aude Picault

Mieux vaut être seule que mal accompagnée

Claire, 32 ans, infirmière en néonatalogie, enchaîne les relations qui semblent immanquablement se terminer au bout de quelques mois. Des rencards décevants aux rapports sexuels foireux, elle ne trouve jamais l’homme avec qui elle se verrait vivre en couple et qui pourrait être le père de ses enfants. Pour ses collègues de la maternité, elle est soit maquée avec des hommes qui ne la méritent pas, soit trop exigeante !

Seulement, à l’approche des fêtes de Noël, elle ne vit pas bien sa situation intime : son envie de se mettre en couple et d’avoir des enfants avant « l’âge limite » lui met une grosse pression, une pression qui pourrait la pousser à s’engager pour de bon avec le premier homme « potable »

Idéal standard ≡ Aude Picault

Mon avis

Dans l’horizon absolu du couple hétérosexuel, quel que soit le milieu social, femmes et hommes subissent une pression sociale pour « s’installer » et avoir des enfants.

Mais ce sont surtout les femmes qui portent cette pression. L’horloge nous rapproche inexorablement de la ménopause, et les injonctions à la perfection fusent de toutes parts : être une partenaire sexy et qui prend soin d’elle, une mère prodigieuse, une ménagère efficace et humble, une intendante familiale proactive, une femme épanouie dans son travail (j’en oublie ?)… À titre personnel, même si mes proches ont compris depuis le temps qu’il était vain de me demander « à quand les enfants ? », je n’échappe pas à ce besoin d’exceller dans tous les domaines de ma vie.

Pour les femmes, le mariage et la maternité ont très longtemps été la seule voie possible pour obtenir un statut social. C’est en satisfaisant le besoin et les désirs de la famille, du mari, de la société qu’on pouvait exister socialement. Par le mariage, on devenait la propriété d’un homme qui s’assurait ainsi une descendance et les services d’une personne corvéable à merci. Tant qu’on était totalement dépendantes, on pouvait vouloir le mariage et la maternité et les percevoir comme une forme d’accomplissement de soi. Mais tout cela a progressivement changé, même si l’indépendance financière, professionnelle, politique, intellectuelle est très récente et malheureusement révocable.

Au sein du couple, on se force à faire des concessions : on accepte la charge mentale, les rapports sexuels insatisfaisants, non désirés, une communication bancale et les violences… « Mais jusqu’où ? » se demande Claire. C’est d’autant plus difficile pour nous qui sommes éduquées à faire passer les désirs et besoins des hommes avant les nôtres, qui n’avons pas appris à dire « non », à nous écouter, à fixer des limites autour de notre espace vital (physique et mental). Parfois, on peut se laisser emporter dans une relation amoureuse simplement parce qu’on sent chez l’autre un peu de cette réciprocité dont on a tant besoin, et qui est profondément humaine. Mais la réciprocité est un tout : il y faut de l’amour, du respect, de la communication, de la confiance, de la complicité… et pas simplement l’envie de « construire » quelque chose avec une personne. Je vous renvoie à ma chronique sur les relations amoureuses.

Idéal standard ≡ Aude Picault

Claire, j’ai gentiment envie de la secouer et de lui dire que le couple et la maternité ne sont pas une fin en soi, qu’elle doit exiger des autres qu’iels lui accordent le même respect qu’elle s’accorde à elle-même. Claire, je voudrais qu’elle s’aime assez pour se dire qu’elle mérite mieux qu’un pauvre type, je voudrais qu’elle ait assez d’amour-propre et de courage pour quitter une relation toxique et préférer sa propre compagnie. Je voudrais lui dire de vivre pour elle, de ne pas « attendre l’Homme de sa vie »… Car mieux vaut être seule que mal accompagné·e !

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette BD. Je l’ai lue d’une traite, en deux heures, profondément plongée dans l’histoire et les ressentis de Claire. Le dessin en bichromie est très doux, très rond, minimaliste mais très évocateur, et l’écriture manuscrite est très jolie. Le passage des saisons est très beau, surtout à la toute fin, quand il prend tout son sens…

Idéal standard ≡ Aude Picault

Idéal standard

Aude Picault

Editions Dargaud

2017

154 pages

19 euros

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A
Je découvre cette BD grâce à toi et je retrouve dans l'héroïne tellement de mes amies...
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L
Coucou ! Oui, moi aussi, je l'ai même offert à une amie proche du coup :)
A
Tu donnes envie de découvrir Claire et cette BD.
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L
Chouette :)
V
Moi aussi j'avais beaucoup aimé cette BD :)
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L
Coucou !! Ouiii, on a envie de la pousser, Claire <3