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La Goulue, Reine du Moulin Rouge ≡ Maryline Martin

La Goulue, Reine du Moulin Rouge ≡ Maryline Martin

Dans cet ouvrage, l’autrice et journaliste Maryline Martin raconte la vie de Louise Weber, surnommée La Goulue, qui était la star du cancan au Moulin Rouge à Paris. Une biographie aussi touchante que passionnante à lire.

« J’avais ma petite ménagerie sans hommes et il ne me manquait rien1… »

Louise Weber (1866-1929) était une femme libre, bi (ou du moins lesbienne), digne et fière, et donc forcément provocante, sexualisée et abusée. On dit qu’elle était une femme moderne, mais je crois plutôt que c’est la société qui n’était pas à la hauteur de ses envies, et qui ne le serait toujours pas si elle avait vécu au XXIe siècle.

Le style de Maryline Martin, qui rappelle volontiers celui de Zola que j’adore, convoque le langage argotique sans rien enlever à la documentation rigoureuse de la biographie, nourrie par les archives et le journal intime de Louise Weber. Au détour de chaque page, l’autrice distille des éléments et des anecdotes historiques savoureux, et qui montrent combien la comparaison entre les époques doit être faite avec beaucoup de nuances.

la goulue maryline martin citation bibliolingus sur instagram

Au fond, l’ascension et la déchéance de La Goulue rappellent aussi le destin des héroïnes de Zola. Et, comme Gervaise dans L’Assommoir, elle a connu les fortifications et les bidonvilles de la Zone (1844-1956), le quartier de la Goutte d’Or, et partagé les mêmes métiers que Gervaise (blanchisseuse) et Nana (prostituée).

J’ai adoré me plonger dans les rues du 18e arrondissement de Paris que j’arpente depuis 12 ans. La Goulue a terminé sa vie dans une misérable roulotte à un kilomètre de chez moi ! Comme pour les héroïnes de Zola, j’ai épinglé sur Google Maps tous les lieux où La Goulue a vécu, pour garder une trace d’elle et marcher dans ses pas.

Sans pour autant les nommer, Maryline Martin donne à voir des pans du féminisme (l’objectification et la marchandisation du corps des femmes, les avortements illégaux), du colonialisme (l’avènement des Expositions universelles), du spécisme (l’exploitation d’animaux sauvages dans les cirques) du classisme (la ségrégation spatiale avec la Zone qui abritait les marginaux et marginales, les chiffonniers et les poulbots, de l’addiction (l’alcoolisme).

Mon avis

Je l’ai lu goulument, si je puis dire… Et même après avoir refermé le livre, j’étais toujours habitée par cette vie à la fois hors du commun et fataliste. Cette biographie m’a beaucoup touchée, à un moment où je me pose beaucoup de questions sur le chemin que j’ai emprunté, les intersections de la vie, et ce qu’il me reste à parcourir. Une lecture qui m’a été d’abord instructive, puis introspective, que je vous recommande !

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La Goulue, Reine du Moulin Rouge

Maryline Martin

Éditions du Rocher

2020

240 pages

8,90 euros

1. Page 164.

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