Dans ce « journal d’une observatrice impuissante mais déterminée », la journaliste indépendante Meriem Laribi documente le génocide en cours Gaza par Israël depuis les attentats du 7 octobre 2023, avec la complicité de nombreux pays occidentaux, à commencer par les États-Unis et la France qui fournissent du matériel de guerre à Israël.
Les dirigeant·es israélien·nes ont instrumentalisé les attentats du Hamas du 7 octobre 2023 pour terminer l’extermination des Palestinien·nes et la colonisation de leurs terres, amorcées il y a un siècle avec la naissance du sionisme, et confortée avec la création illégitime de l’État d’Israël en 1948.
Le génocide est complètement assumé par Netanyaou qui a dit vouloir « réduire la population au minimum3 » : déporter ou tuer les 2 millions de Palestinien·nes pour tout raser et étendre la société israélienne au Moyen-Orient. Sous prétexte de traquer les membres du Hamas, l’armée israélienne tire sur les civils, en particulier les enfants afin qu’une nouvelle génération ne puisse pas voir le jour. Pour António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, Gaza est un « cimetière pour enfants4 ».
Chaque jour, des images et des informations terribles nous parviennent, toujours plus horribles les unes que les autres. On parle de plus de 50000 morts, de centaines de milliers de personnes blessées, mais c’est sans compter les milliers de personnes non identifiées ensevelies sous les décombres.
C’est quel niveau de cruauté de détruire des écoles, des universités, des hôpitaux ? d’écrabouiller les Palestinien·nes avec des chars ? de les utiliser comme boucliers humains, ligotés à des chars ou envoyés en éclaireurs sur des terrains minés ? de les emprisonner, les torturer et les violer, jusqu’à en perdre la raison ?
C’est quel niveau de déshumanisation d’abandonner des bébés prématurés dans un hôpital évacué et détruit, et dont les corps en décomposition ont été retrouvés dans leurs couveuses des semaines plus tard ? de dresser des chiens pour tuer des personnes âgées et vulnérables ? de tuer les humanitaires et d’empêcher tout bien de première nécessité d’entrer sur le territoire occupé ?
C’est quel niveau de cynisme de décider de rationner la nourriture, en fournissant précisément 2279 calories par personne, avant de couper toute aide alimentaire et d’organiser une gigantesque famine ??
Et la guerre ne s’arrête pas au camp de concentration de la bande de Gaza : depuis le 7 octobre 2023, le harcèlement, les attaques, les destructions et expropriations se sont intensifiés en Cisjordanie pour étendre « la seule démocratie du Moyen-Orient » !!!
Depuis le 7 octobre 2023, Israël répète en boucle son droit à se défendre et se positionne en victime, accusant d’antisémistisme tout·e opposant·e. Les soutiens d’Israël attisent les haines en confondant sciemment l’antisémitisme et l’antisionisme.
Face à l’un des États les plus armés au monde, qui constitue une menace ? Les Palestinien·nes de Gaza, occupé·es depuis 80 ans et sous blocus depuis 2007, abandonné·es du monde entier ? Doivent-iels se laisser torturer, humilier et mourir sans résister ? Comme le rappelle Meriem Laribi, la résolution 37/42 de l’ONU affirme la légitimité du droit à « se libérer de la domination coloniale et étrangère et de l’occupation étrangère par tous les moyens à leur disposition, y compris la lutte armée ». Pourtant, plusieurs pays dont la France considèrent le Hamas comme une organisation terroriste.
Comment le monde peut-il continuer de tourner ? Pour l’heure, Israël semble intouchable, mais ensemble nous pouvons renverser l’opinion publique, faire naître une mobilisation massive, rendre inacceptables les exactions d’Israël, faire ployer le gouvernement français complice. On peut établir une pression économique (par le boycott des entreprises signalées par BDS) et une pression sociale et politique (briser le statu quo de la « normalité », dénoncer le génocide en toute occasion, soutenir les collectifs et ONG, forcer les pays européens à organiser des sanctions contre Israël).
La responsabilité des médias mainstream est immense dans l’absence d’une grande mobilisation. Les points presse de l’Élysée où Meriem Laribi s’est rendue pendant plusieurs mois illustrent la connivence entre les médias mainstream et le gouvernement. Les journalistes et le porte-parole du gouvernement, qui évoluent dans le même milieu social, se font les relais de la propagande d’Israël. En face, l'autrice a bien senti que ses questions dérangeaient.
La lecture de Ci-gît l’humanité de Meriem Laribi vient contrecarrer cette propagande massive et ce silence assourdissant. Privilégions et soutenons les maisons d’édition et les médias indépendants pour être véritablement informé·es et lutter contre l'extrême droite ! Ne restons pas spectateurices et silencieux·ses face à l’un des plus grands crimes de l’humanité, le génocide le plus documenté, en temps réel. L’Histoire nous jugera.
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Merci aux éditions critiques de m'avoir offert l'ouvrage !
Ci-gît l’humanité
Gaza, le génocide et les médias
Meriem Laribi
Préface d'Alain Gresh
éditions critiques
2025
312 pages
19 euros