En ce début de mois des fiertés, je vous parle d’un ouvrage que j’aurais adoré éditer et corriger (surtout qu'il y a pas mal de coquilles) ! Lexie, militante pour les droits LGBTIA+, y poursuit son travail de déconstruction et d’éducation sur les transidentités qu’elle a initié sur son compte Instagram Aggressively_trans.
La transidentité et la non-binarité existent depuis plusieurs milliers d’années. Dans cet ouvrage, Lexie met en évidence le fait que les genres sont une construction sociale, culturelle, historique qui n’est pas immuable et absolue. Les codes de genres ont évolué au fil des époques et des sociétés, à l’instar des chaussures à talons qui étaient un marqueur masculin jusqu’au XVIIIe siècle.
Le genre est une norme binaire dans laquelle le masculin domine le féminin, une hiérarchie façonnée en Europe par une médecine profondément patriarcale, sexiste, cisgenre, validiste, blanche et hétéro, alors qu’il existe une multitude de manières de vivre son genre ! Si bien que toutes les personnes qui ne se conforment pas à cette binarité sont de fait invalidées et invisibilisées par une société transphobe et enbyphobe.
L’ouvrage de Lexie répond précisément à un ensemble de questions : qu’est-ce que la transidentité, comment la décrire et quels pronoms utiliser ? Que sont les binders et le packing ? Pourquoi la SoFect est-elle davantage considérée comme une instance de contrôle que d’accompagnement des personnes trans ? En quoi les rares représentations médiatiques et culturelles sont-elles fétichisantes et sexualisantes ?
L’ouvrage met en lumière les différentes formes de transphobie et d’enbyphobie, des plus tristement banales de la part des personnes ignorantes et indifférentes, aux plus réactionnaires et européanocentrées des TERF et des mascu d’extrême droite. Ignorance, maladresse, curiosité mal placée, fétichisme, stéréotypes, rejet, meurtre… Les violences sont tout autant verbales que physiques : la transphobie tue et le suicide sur-représenté chez les personnes trans est une problématique collective aux enjeux politiques, économiques et sociaux.
Cet ouvrage permet de comprendre les besoins et les revendications d’une communauté déshumanisée, ostracisée, objectifiée. Les personnes trans, individuellement et collectivement, sont légitimes. Elles ont le droit de s’autodéterminer, de décider pour elles-mêmes. Elles doivent bénéficier des mêmes droits au logement, au travail, à la parentalité, à la famille, etc., et pouvoir être accompagnées dans leur transition sociale et/ou médicale sans avoir à se conformer aux attentes et injonctions des médecins et des responsables politiques.
L'autrice revient sur les espaces en non-mixité, si souvent décriés, et pourtant nécessaires pour trouver du soutien, partager ses expériences, libérer la parole, à l’abri de la majorité discriminante. On ne parle pas de communautarisme quand il s’agit des hommes blancs bourgeois cis hétéros dans les instances politiques !
Lexie nous propose un ouvrage pédagogique et assez complet qui, à mon sens, monde, s'adresse surtout aux personnes cisgenres, qui doivent véritablement se renseigner et s'éduquer sur le sujet. D'autant que les ressources sont de plus en plus nombreuses, variées et accessibles ! Des personnes comme Lexie ont produit des ressources et des contenus, écrit (Julia Serano), mené des recherches, témoigné (Tal Madesta) ou recueilli des témoignages (Laurier the Fox), créé des œuvres artistiques…
Si vous souhaitez être un·e bon·ne allié·e, vous pouvez développer votre empathie, votre bienveillance, soutenir le militantisme trans et sa vie communautaire, dénoncer la transphobie et l’enbyphobie chaque fois que vous les repérez, sans toutefois faire peser sur les personnes concernées la charge mentale de votre éducation.
À Vanessa Campos, Jessyca Sarmiento, et à toutes les personnes trans qui ont été invisibilisées, déshumanisées et tuées.
1. Page 128. -2. Page 65. -3. Page 130.
Une histoire de genres. Guide pour comprendre et défendre les transidentités
Lexie
Editions Marabout
2021
288 pages
19,90 euros