La Fin des monstres ≡ Tal Madesta

05.04.2025

Dans ce très court ouvrage, le journaliste et militant Tal Madesta, né en 1993, raconte sa transition de genre, qu’il décrit comme « un vertige immense, un précipice joyeux, une réconciliation avec le passé¹ ».

« Le monde demande aux personnes trans un courage de tous les instants qui efface peu à peu le potentiel banal de toutes nos activités². »

Il raconte la marginalisation, les violences quotidiennes, médicales, institutionnelles, les humiliations, les moqueries, les préjugés, les démarches administratives absurdes et violentes, ainsi que le coût humain et financier que peut représenter une transition. Tal Madesta évoque le courage et la dignité qu’il faut avoir pour tenir cette vie, pour exister hors de chez soi, le soutien d’une famille choisie et l’humour salvateur. Car plusieurs études montrent que 40 % des personnes trans ont déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie.

« Je deviens l’homme que je veux être au contact de l’amour, celui qu’on me donne, celui qu’on m’intime de m’offrir, aussi³. »

Tal Madesta nous partage ses questionnements et ses doutes. Pourquoi transitionner ? Comment apprivoiser la masculinité quand tant d’hommes nous ont fait du mal, des hommes qui sont « synonymes de médiocrité, de lâcheté, de cruauté et de violence⁴ » ? Comment embrasser pleinement la masculinité quand on n’a pas de modèle ou de représentation d’homme trans, qui plus est âgé ?

« Quelle trajectoire étrange que celle d’avoir intimement connu les deux côtés de la rive⁵ ! »

Contre le patriarcat, la transphobie et toutes les autres formes de discrimination, nous avons besoin d’hommes comme Tal Madesta qui connaissent dans leur chair les oppressions que vivent les femmes, qui incarnent une masculinité humaine, altruiste, honnête, tendre, pour montrer à tous ceux qui nous font du mal qu'un autre rapport aux autres et à soi est possible.

Mon avis

Quel livre ! J’ai eu la même sensation qu’avec le premier livre, Désirer à tout prix : un livre si court (80 pages !), mais si intense et riche que j’ai noté 27 citations (et c’est uniquement parce qu’il fallait en sélectionner, sinon je citerais chaque paragraphe) !

Ce que j’ai cerné à la lecture de Désirer à tout prix se confirme ici : la plume de Tal Madesta est aussi belle et sensible que pertinente et efficace. Publié par les éditions indépendantes La Déferlante (qui publient aussi la revue du même nom), La Fin des monstres est un bijou littéraire aux mots si incisifs, si clairvoyants, à la fois si durs et pleins d’amour.