Planète végane
Penser, manger et agir autrement
Ophélie Véron
Éditions Marabout
2017
C’est avec fierté et bonheur que, pour la première fois en cinq ans et demi, je vous parle aujourd’hui d’un livre sur lequel j’ai travaillé. Ophélie Véron, chercheuse en sciences sociales, spécialiste des mouvements véganes et militante pour les droits des animaux, met à profit ses activités dans l’excellent blog Antigone XXI et publie aujourd'hui le livre Planète végane.
Du point de vue professionnel, ce travail a été très instructif, puisque j’ai pu appliquer à l’échelle d’un ouvrage entier l’écriture inclusive ! À ma connaissance, c’est le seul livre qui ne parle pas de féminisme qui l’utilise, et j’en suis très fière ! Ce fut un bonheur de travailler avec l’autrice, qui s’est montrée aussi bienveillante dans son livre que dans nos échanges à distance et en vrai. Je dois également remercier l’éditrice des éditions Marabout pour m’avoir confié ce très beau projet.
À bien des égards, cet ouvrage est fondamental, pédagogique et rigoureux, bienveillant et tolérant, documenté et complet, puisqu’il s’adresse aussi bien aux curieux·ses et aux débutant·es qu’aux véganes convaincu·es.
En matière de cuisine végétalienne, Ophélie Véron abonde d’astuces et de conseils pour venir progressivement au végéta*isme, créer des menus équilibrés et remplacer les produits laitiers. Mais il y est aussi question de l’habillement (pour quelles raisons ne pas porter de cuir ni de laine ? comment reconnaître la vraie fourrure ? quels sont les marques et labels végé-friendly ?), des produits cosmétiques et ménagers (comment reconnaître les ingrédients d’origine animale ? quelle est la réglementation sur les tests sur animaux ?). Ophélie va plus loin lorsqu’elle aborde la question des animaux de compagnie (est-ce végane de posséder un chat, un chien ou un cheval ? comment les nourrir et les traiter ?) et celle des divertissements (peut-on cautionner les zoos qui enferment les animaux ? comment se divertir au contact d’animaux sans les faire souffrir ?). D’autres aspects du quotidien sont aussi abordés, auxquels je n’avais pas pensé : les préservatifs sont-ils véganes ? le vin, la bière, la cigarette peuvent-ils ne pas être véganes ?
Au-delà des aspects pratiques, Ophélie consacre une partie de l’ouvrage à expliquer les origines et la philosophie qui fondent le véganisme depuis l’Antiquité. Du point de vue éthique, tous les animaux ont en effet le droit à vivre, car ce sont des êtres sensibles comme nous. Être végane, c’est ne plus participer à l’exploitation et à la mise à mort de milliards d’animaux. Le véganisme s’avère également nécessaire du point de vue écologique et sanitaire, car l’élevage intensif ou extensif n’est pas durable (déforestation, érosion des sols, émission de gaz à effet de serre…) et ne permet pas de nourrir la population mondiale, tandis que les plantations de céréales, de légumineuses et de légumes, moins gourmandes en énergie, en eau, en superficie, répondent aux besoins humains. Par ailleurs, de plus en plus d’études ont montré que manger de la viande n’était pas bon pour la santé.
Enfin, ce qui m’a paru le plus essentiel parmi tous ces aspects essentiels (!), c’est la manière de vivre son véganisme en société : comment vivre au quotidien dans une famille non végane ? au travail ? à l’école ? comment parler du véganisme de façon sereine, tolérante et efficace ? comment encourager un·e débutant·e et lui donner confiance en ses capacités ? quels sont les biais cognitifs qui font que certaines personnes ne veulent pas changer, ou même se braquent quand on s’exprime à ce sujet ? pourquoi les personnes à qui nous parlons du véganisme affirment presque toujours avoir diminué leur propre consommation de viande ? D’autre part, les incohérences, les doutes légitimes, ou encore les idées reçues des omnivores trouvent une réponse : « oui, mais moi, je ne mange que de la viande de petit·e·s éleveur·se·s bio » ; « le véganisme est un extrémisme, il faut être modéré·e » ; « il y a des causes plus importantes que la cause animale » ; « les animaux se mangent entre eux, c’est donc naturel »… À présent, je me sens mieux informée et plus apte à répondre aux remarques curieuses et sincères, agressives ou méprisantes qui me sont souvent adressées au quotidien.
Je rejoins fondamentalement l’opinion d’Ophélie Véron sur la place du véganisme faisant partie d’un ensemble de luttes contre toutes les formes d’oppression : c’est l’intersectionnalité des mouvements. Le véganisme fait cause commune avec les luttes pour les pauvres, les femmes, les homosexuel·les, les trans, les racisé·es, les réfugié·es, les handicapé·es, les vieux·ieilles, les gros·ses...
Être végane, c’est mettre en œuvre ses principes éthiques, c’est bien une révolution quotidienne. Toutefois, celle-ci ne saurait se limiter à la sphère privée, et j’ai pris conscience que mon véganisme n’était pas seulement un choix personnel, mais une question d’ordre politique qui doit être débattue sur la place publique – et sur Bibliolingus ;)
Faiminisme. Quand le spécisme passe à table Nora Bouazzouni
La Libération animale Peter Singer
Tirons la langue Davy Borde
Faut-il arrêter de manger de la viande ? Collectif
Les Moissons du futur Marie-Monique Robin
Les animaux ne sont pas comestibles Martin Page
Ne nous mangez pas ! Ruby Roth (jeunesse)
Zoos. Le cauchemar de la vie en captivité Derrick Jensen
Faut-il manger les animaux ? Jonathan Safran Foer
Théorie du tube de dentifrice Peter Singer
Antispéciste Aymeric Caron
Dans la tête d’un chat Jessica Serra
La vie secrète des animaux Peter Wohlleben
Planète végane
Penser, manger et agir autrement
Ophélie Véron
Éditions Marabout
2017
480 pages
17,90 euros
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