Pascal Garnier
Éditions Zulma
2010
C’est Marc qui s’exclame lors d’un repas où les convives sont ennuyeux et banals. Marc se sent mal à l’aise, décalé, il n’a rien à dire, il n’a rien vécu. Il s’est toujours laissé guidé dans ses actes, ses choix, par son entourage. Où est passée son enfance ? Qu’a-t-il fait de sa vie ? Il a la soixantaine, il s’est marié à Chloé, il a une fille, Anne, d’un premier mariage, qui est en hôpital psychiatrique. Il est à un tournant de sa vie.
Il ne connaît pas Agen, il a dit ça comme ça, pour dire quelque chose. Il ne connaît pas grand-chose en dehors de Paris. Il voudrait aller loin. Loin, c’est où ? Loin comment ? Il voudrait aller loin mais pas tout seul. Pas avec Chloé. Avec sa fille.
Bon. Les voilà partis. Pour où ? Marc n’a rien prévu, donc on peut s’attendre à tout. Surtout avec Anne qui est plutôt imprévisible.
« Tu connais Agen ?
- Agen ?... C’est où ?
- Au sud, sud-ouest.
- Qu’est-ce qu’il y a, là-bas ?
- Des pruneaux.
Il avait répondu sans réfléchir, tête baissée, traçant du bout du pied des lignes parallèles dans le sable.
- T’es constipé ?
- Non. C’est juste que je n’ai pas envie de rentrer chez moi.
- Ah2. »
Le Grand Loin, c’est un de ces petits romans surprenants dont on ne peut rien dire sans gâcher le plaisir de la lecture, et Marc, un de ces personnages qu’on aime dès les premières pages. Perdu, décalé, il porte un regard drôle, désabusé et un peu triste sur le monde, mais on l’aime bien. Le mot est à la fois léger, franc et grave. Et surtout, dans son escapade, il rencontre, pendant 160 pages seulement, des personnages atypiques, un peu déjantés, souvent défaits. Un chouette moment de lecture !
Dix-neuf secondes Pierre Charras
Quelques ombres Pierre Charras
Jusqu'ici tout va bien Collectif
Protégeons les hérissons Olivier Bordaçarre
1. Page 11. -2. Page 83.
Le Grand Loin
Pascal Garnier
Éditions Zulma
2010
160 pages
16,5 euros
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