Olivier Bordaçarre
Éditions Phébus
2016
Sergi Vélasquez est un artiste peintre qui utilise de la matière, des cailloux, du sable, pour faire des tableaux. À 32 ans, il vit à Paris dans l’appartement en face de celui de sa sœur Julia, qui vit avec Paul et leurs deux filles.
Sergi, pourtant un grand célibataire, vient de rencontrer Rébecca avec laquelle tout va très vite. Seulement, Rébecca, qui n’est autre qu’une patiente de Julia, qui est psychanalyste, semble être assez instable et excessive dans ses comportements.
Ailleurs en France, Roxane se remet d’un accident de voiture. Depuis plusieurs années, elle vit en solitaire, car elle ne supporte pas son visage défiguré dont la moitié a été brûlée.
« Les autres femmes, elles, ont cette bosse sur le nez, cette petite ride au coin de la bouche, ce grain de beauté sur le menton, cette infime dissymétrie de l’ensemble. Elles procèdent à quelques arrangements, elles accentuent, éclairent, masquent, embellissent. Elles coiffent cette mèche, là, qui rebique toujours, c’est comme ça depuis l’enfance, ça les agace : elles disent : « C’est mon épi », comme s’il s’agissait d’un fardeau. Elles papotent de leurs défauts. Elles ont bien de la chance… Elles se maquillent pour faire disparaître cette ombre, là, jugée disgracieuse, la recouvrent d’un peu de poudre, soulignent leurs paupières d’un trait noir. Les arrangements produisent les effets escomptés, et ces rituels perdurent, inchangés dans leurs gestes et leurs objectifs, tout au long de la vie2. »
Accidents est un roman agréable à lire, sans temps mort, mais je ne pense pas en garder un souvenir à long terme. Je n’avais pas lu la 4e et heureusement, car l’intrigue m’a semblé assez transparente et la fin prévisible. Le procédé des deux narrations qui s’entrecroisent est assez courant et fonctionne néanmoins très bien, le tout est bien rythmé car Olivier Bordaçarre n’en est pas à ses débuts, mais je n’ai pas trop aimé le côté hyper réaliste et parisianiste consistant à indiquer à chaque début de chapitre le lieu exact où se déroule la scène.
Même si j’ai trouvé, par exemple, que le personnage de Valentine réduite à son côté ado rebelle, j’ai apprécié ceux de Rébecca en femme névrosée et possessive, et de Roxane qui doit vivre avec son nouveau visage et les regards des autres.
Olivier Bordaçarre se moque gentiment de ses personnages, comme Sergi, l’artiste peintre victime des apparences (!), ainsi que du milieu de l’art contemporain, perçu comme consensuel, superficiel et spéculateur, et qui fait le bonheur des classes aisées. Il soulève aussi la question éternelle des artistes, à savoir : peut-on vivre de son art sans dévoyer son talent ? Les thématiques m’ont paru intéressantes mais effleurées avec légèreté.
Voilà un roman bien mené, maîtrisé et sympathique autour du double, des apparences et des névroses, mais je ne suis pas fan des chroniques familiales. En revanche, j’avais été impressionnée par Protégeons les hérissons du même auteur.
Protégeons les hérissons |
1. Page 89. -2. Page 100.
Accidents
Olivier Bordaçarre
Éditions Phébus
Collection Littérature française
2016
224 pages
18 euros