Salon du livre de Paris 2014
Lucía Puenzo
Éditions Stock
2013
Wolfgang Gerhard, Helmut Gregor, Alfredo Mayen, Karl Geuske… Tous ces noms ne sont qu’une seule et même personne, Josef Mengele, sinistrement connu pour avoir fait des expériences médicales sur les prisonniers à Auschwitz. Homme charismatique à l’allure aristocratique, toujours impeccable avec son costume, son chapeau noir et sa petite moustache, Josef Mengele se passionne pour l’organisme humain et la génétique jusqu’à la perversité. Dans toute l’horreur de l’idéologie nazie, il a cherché le moyen de purifier le sang et la génétique de peuples entiers : changer la couleur des yeux, de la peau et des cheveux. Les jumeaux sont pour lui le terrain de jeu par excellence pour faire des tests comparatifs.
En 1959, Josef Mengele fuit les services secrets israéliens à travers l’Argentine. En allant vers Bariloche, une petite ville à la frontière chilienne où de nombreux partisans nazis ont trouvé refuge, il fait la route avec une famille argentine. Enzo, le père est fabriquant de montres, et de poupées en porcelaine à ses heures perdues. Lilith, leur fille de douze ans, intrigue Josef Mengele par son corps parfait, blonde aux yeux bleus, mais qui est bien trop petit pour son âge. Très vite, il cherche à rester avec eux pour mieux la connaître. Lilith, pleine de fraîcheur, volontiers irrévérencieuse et provocatrice, est hypnotisée par cet homme.
Lucía Puenzo, un nom à retenir ! Wakolda, qui mêle histoire vraie et fiction avec talent, révèle la personnalité monstrueuse de Josef Mengele sans mettre les pieds dans le plat : l’autrice ne l’aborde qu’à travers les détails : ses manies, ses obsessions, ses goûts. Ainsi, s’il est insensible aux cris de douleur d’un être humain, il est touché à l’extrême par un air d’opéra. Et ce sont ces détails qui font froid dans le dos et qui fascinent en même temps.
L’obsession de la pureté aryenne, la mécanique et la douceur des poupées aux visages si humains, les exterminations nazie et indienne en Patagonie mises en parallèle… l’univers de Wakolda, qui parle du corps humain admiré et détruit dans le même élan, est à la fois déconcertant car les choses et les sensations sont écrites à demi-mots, et surtout surprenant, étrange et horrible par son éclectisme et son unité.
Le Médecin de famille
Lucía Puenzo
2013
1. Page 15. -2. Page 220.
Wakolda
(titre original)
Lucía Puenzo
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet
Éditions Stock
Collection La Cosmopolite
2011
232 pages
19 euros
Pour ne pas manquer les prochaines chroniques, inscrivez-vous à la newsletter !