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Le 16e round ≡ Rubin Carter Hurricane

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Rubin Carter Hurricane

Les Fondeurs de briques

2015

 

Dans ce récit autobiographique et rageur, Rubin Carter raconte son enfance et sa carrière de boxeur, mais surtout les multiples injustices et actes racistes dont il a été victime. Publié par les belles éditions Les Fondeurs de briques, ce témoignage brosse le portrait de l’Amérique blanche et raciste des années 1950-1960.

« Pourquoi cette chaise électrique semblait toujours vouloir me voler mes amis1 ? »

Dans ce témoignage exceptionnel, Rubin Carter, alias Hurricane, raconte son enfance après la Seconde Guerre mondiale et sa carrière de boxeur professionnel dans les années 1960. Il parle des premières injustices vécues lorsqu’il était enfant, de l’éducation stricte de son père autoritaire, de ses problèmes d’élocution qui le faisaient bégayer et déjà brandir les poings de dépit.

Foudroyé par une terrible injustice, Rubin multiplie les séjours en centre d’éducation et en prison, pendant lesquels il fait l’expérience d’un racisme profond au sein des administrations américaines essentiellement peuplées de Noir·e·s, sans compter la corruption, les abus sexuels, les agressions et l’insalubrité qui chaque jour privent d’avenir les détenu·e·s. Le système carcéral s’avère être un marché florissant pour l’État autant que pour les entreprises. Lorsqu’il devient un célèbre boxeur, il dénonce aux journalistes les répressions policières meurtrières dans les quartiers noirs de Harlem en 1964.

Dès lors, il se retrouve dans la ligne de mire de la police pour s’être fait le défenseur des Noir·e·s. Harcelé par des contrôles incessants et des interdictions de séjour, Rubin Carter se retrouve un jour accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Faux témoignages, intimidation des vrais témoins, falsifications des preuves, vices de procédure, jury non représentatif et procès instrumentalisé en vue des élections prochaines… Rubin raconte le déroulement du procès et les accusations qui lui tombent dessus.

« Six semaines entières de débats, de cris, de supplications, de déchirements, de sélections, de cogitations, six semaines à réclamer une putain de justice – et ces crackers nous ont pondu leur saloperie en deux heures2. »

Mon avis

L’autobiographie de Rubin Carter, alias Hurricane, est pour le moins percutante ! Je ne dirai rien des circonstances dans lesquelles ce témoignage historique et précieux a été écrit, mais vous les trouverez sur la fiche Wikipédia ou bien vous pouvez faire comme moi, les découvrir à la toute fin du livre ! Cet ouvrage est d’autant plus rare qu’il a été publié en France par Les Fondeurs de briques, superbe maison d’édition indépendante dont les ouvrages sont soignés et atypiques.

Son récit, écrit avec rage et agrémenté d’expressions imagées pas très poétiques, est cruellement criblé d’injustices et d’impostures qui m’insupportent beaucoup ! L’univers difficile des prisons, les peines pénales des Noir·e·s, démesurées par rapport aux crimes et aux peines des Blanc·he·s, font bondir au plafond.

« Je savais fort bien que, pour certains flics, boucler des Noirs dès le matin avait la saveur des œufs au bacon sur un toast, et en refroidir un le soir celle d’un verre de sherry face à un bon feu de cheminée3. »

Toutefois, cet homme autodidacte est le reflet de son temps. Il a eu quelquefois des propos sexistes (« Tu dégoises comme un champion, mais tu te bats comme une femme qui, au fond d’elle-même, rêve de se faire violer4 ! ») et à maintes reprises homophobes envers la prostitution carcérale (« tapettes », « pédérastes », « pédales », « tordus suceurs de bites », « tantouserie »), certainement parce que l’homosexualité carcérale est associée dans son esprit à une domination des caïds sur les plus faibles. Personne n’est parfait, et malgré ces deux aspects sombres, cet homme est un des symboles de la lutte contre le racisme aux Etats-Unis.

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Le 16e round

Rubin Carter Hurricane

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Catherine Vasseur

Les Fondeurs de briques

2015

512 pages

24 euros

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A
Malgré les propos machistes, ce que tu dis du reste du livre, et le fameux suspens de fin, me tente.
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