David Foenkinos
Gallimard
2009
« Elle ouvrit la porte, et proposa à Markus de sortir. Ce qu’il fit difficilement. Il était Armstrong sur la Lune. Ce baiser était un si grand pas pour son humanité2. »
Tout commence avec un baiser volé. La prise de risque est énorme, mais Foenkinos entraîne agréablement sa panoplie de personnages stéréotypiques dans une histoire drôle. Nathalie, trentenaire et veuve, rencontre Markus à son travail. Ce jeune suédois, maladroit et plein d’humour malgré lui, est la proie de Charles, le patron de l’entreprise, en quête d’une relation adultérine avec Nathalie.
Les ragots se répandent près de la machine à café, les clichés affluent par vagues et l’amour menace de sombrer, mais tout ira bien ! Il y a toujours une grand-mère pour préparer un bon repas quand les méchants collègues cancanent.
« Il y a des gens formidables
Qu’on rencontre au mauvais moment.
Et il y a des gens qui sont formidables
Parce qu’on les rencontre au bon moment . »
Pourtant, dans la foison des stéréotypes, Foenkinos injecte beaucoup d’humour : il s’amuse des classiques de la littérature, comme lorsque Markus veut annuler un rendez-vous avec Nathalie : « Je peux pas, maman est morte5 » (L’Étranger, Camus), « Non, non je peux pas, car l’enfer c’est les autres6 » (Huis clos, Sartre).
Outre la littérature, ce sont aussi les classiques du cinéma français (Le Grand Blond avec une chaussure noire, Un long dimanche de fiançailles), la peinture (Carré blanc sur fond blanc de Malevitch, pour expliquer que l’art moderne n’a pas d’explication, tout comme le baiser que Nathalie a donné à Markus). Foenkinos fournit un ensemble agréable et léger, riche de détails et de formes narratives variées.
Pour finir
Le pari était osé, surtout pour le choix du titre. Foenkinos et Gallimard sont retombés sur leurs pattes : La Délicatesse est effectivement un roman délicat, à l’ambition modeste de donner une lecture plaisante, avec à la clé un film adapté par l’auteur lui-même et interprété par les acteurs passe-partout du moment. Au final, Gallimard a encore quelques bons tours dans son sac et jongle avec les enjeux littéraires et ceux, plus économiques.
1. Page 181. -2. Page 70. -3. Page 85. -4. Page 156. -5. Page 97. -6. Ibid.
La Délicatesse
David Foenkinos
Éditions Gallimard
Collection Blanche
2009
208 pages
16 euros
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