Le saviez-vous ? Entre 1970 et 2010, la population des vertébrés sauvages (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons) a diminué de moitié.
La société humaine repose entièrement sur l’exploitation et l’esclavage des animaux. Ils nous ont donné leurs forces, leur peaux, leurs chairs, leurs sécrétions. Nous sommes en pleine schizophrénie : nous choyons les animaux dits « domestiques », nous utilisons les animaux « d’élevage » comme des ressources et les animaux « sauvages » comme des êtres dangereux qu’on observe dans les zoos.
Mais connaissons-nous vraiment les animaux ? Non, car « pour pouvoir tuer son ennemi, il faut surtout ne rien savoir de lui2. » Nous occultons particulièrement l’intelligence de ceux que nous élevons, mutilons, tuons. L’éthologie (l’étude du comportement animal) montre que les animaux font preuve d’empathie, de souffrance, de tristesse, de joie. Ils savent communiquer entre eux, ils font preuve de sociabilité et certains ont une organisation sociale et une hiérarchie. Les animaux sont des individus, des personnes, des êtres sensibles qui ont le droit de vivre.
Personnes humaines et non humaines, plantes et océans, nous sommes fait·e·s de la même matière, nous sommes des cousins et cousines. Aymeric Caron le démontre avec une grande pédagogie, et souligne que la croyance en la réincarnation dans certaines cultures en est la juste intuition. L’anthropocentrisme, qui consiste à placer l’humain·e au cœur du monde, n’est rien d’autre que du « chauvinisme humain » (pour reprendre l’expression de Richard Sylvan Routley).
L’étendue de notre science et de nos connaissances ne nous autorise plus à les exploiter, et d’ailleurs, nous n’en avons pas besoin : « En ce début de XXIe siècle, nous n’avons plus aucune excuse rationnelle pour continuer à justifier l’exploitation et la mise à mort des animaux. La nourriture, l’habillement, le divertissement et l’expérimentation sont des prétextes caducs3. » En plus, l’élevage n’est ni écologique, ni rentable pour la collectivité, ni suffisamment nourrissant pour les 7,5 milliards d’humain·e·s, et manger de la chair morte n’est pas bon pour la santé.
Reconnaissons aux animaux leur statut d’êtres sensibles et cessons d’allonger notre immense dette à leur égard. On donne généralement ces 4 droits fondamentaux : le droit de ne pas être tué (élevage, fourrure, cuir), de ne pas être emprisonné (zoos), de ne pas être torturé (tests) et le droit de ne pas être l’objet d’un commerce.
Le véganisme est l’expression quotidienne de l’antispécisme et de l’abolitionnisme, il est une révolution non violente dans tous les aspects de la vie quotidienne (j’en parlerai plus en détails dans d’autres chroniques).
Mon cheminement vers les animaux et pour l’extension de la notion d’injustice a commencé il y a quelques années. J’ai eu la chance de connaître une personne qui m’a montré avant tout que les alternatives étaient possibles et mêmes agréables au quotidien, et ensuite je me suis informée sur ces sujets. J’ai aussi eu la chance, par exemple, de grandir dans une famille qui ne sait pas cuisiner, donc je n’ai pas d’attachement particulier pour les plats traditionnels français où l’animal trône au milieu de l’assiette, décoré de trois légumes sur le côté. Je suis encore chanceuse de n’avoir jamais eu le goût de porter de fourrure ou de laine. Toutefois je comprends les réticences face au changement ; réticences dont je parlerai dans une autre chronique.
L’ouvrage d’Aymeric Caron est édifiant à plus d’un titre. Certes, j’ai parfois eu du mal à voir où il voulait en venir, et je suis restée sceptique sur certains points (hasard de l'incarnation, écologie profonde), mais son livre est réellement constructif et très intéressant. Il fait preuve de pédagogie à propos de la parenté des animaux humains et non humains et de l’exploitation incommensurable dont la société humaine se rend coupable.
Son ouvrage a aussi le mérite de faire une critique radicale de notre régime politique, que certain·s osent encore appeler démocratie, qui asservit autant les humain·e·s que les animaux, et fustige la machine médiatique de la pensée unique. Au-delà de la critique, il esquisse courageusement les fondements d’une biodémocratie qui permettrait de considérer les besoins des animaux et des écosystèmes par des représentant·e·s humain·e·s. Cette partie pourrait faire l’objet d’un livre à part entière !
Enfin, je suis agréablement étonnée de trouver cette forme de radicalité d’une personne ayant été à la télé. N’ayant pas de télé, je ne connais pas trop le personnage, mais je découvre avec plaisir ses références anarchistes à Pierre Kropotkine et Élisée Reclus et son appel à la désobéissance civile. Comment a-t-il pu évoluer dans ce milieu médiatique à l’idéologie si cloisonnée ?
Au final, Antispécisme, publié par les éditions Don Quichotte, est un texte didactique et édifiant. La lutte pour les animaux, qui ne peuvent s’exprimer par eux-mêmes, fait cause commune avec toutes les autres formes d'oppression et de discrimination. Nous pouvons mettre fin à toutes les injustices, notamment en faisant de notre vie une révolution quotidienne.
Planète végane Ophélie Véron
Les animaux ne sont pas comestibles Martin Page
Zoos. Le cauchemar de la vie en captivité Derrick Jensen
Ne nous mangez pas ! Ruby Roth (jeunesse)
Faut-il arrêter de manger de la viande ? Collectif
Les Moissons du futur Marie-Monique Robin
Faut-il manger les animaux ? Jonathan Safran Foer
Théorie du tube de dentifrice Peter Singer
La Libération animale Peter Singer
Dans la tête d’un chat Jessica Serra
La vie secrète des animaux Peter Wohlleben
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Antispéciste
Réconcilier l’humain, l’animal, la nature
Aymeric Caron
Éditions Don Quichotte
2016
496 pages
20,90 euros