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Americanah ≡ Chimamanda Ngozi Adichie

Americanah Chimamanda Ngozi Adichie

Merci à Babelio et Gallimard pour m’avoir offert le livre et permis de rencontrer l’autrice

Americanah
  

Chimamanda Ngozi Adichie

Gallimard

2015

Ifemelu, une jeune nigériane qui tient un blog sur le racisme et la discrimination, décide de revenir au Nigeria après avoir vécu quinze ans aux États-Unis.

« Quand elle reviendra, elle sera devenue une Americanah1»

Ifemelu, une jeune nigériane, vit depuis quinze ans aux États-Unis. Aujourd’hui, elle a décidé de retourner vivre au Nigeria. Le roman raconte ses quinze ans de vie américaine, et son retour au pays.

Lorsque Ifemelu a posé le pied sur le sol américain, il y a quinze ans, elle est devenue une femme noire, consciente de sa couleur de peau. Hormis le choc des cultures, elle est frappée par le racisme et la discrimination faite aux Noirs et aux métisses, au point d’ouvrir un blog de réflexions. Puisant dans ses étonnements et ses désarrois, dans les petites anecdotes du quotidien, elle livre ses réflexions sur les rapports entre Blancs et Noirs, entre Noirs américains et Noirs africains, sur la hiérarchie des couleurs et les subtilités et les tabous de la langue.

« Dans le discours officiel américain, les “Noirs” en tant que groupe sont souvent mis dans la même catégorie que les “Blancs pauvres”. Pas les Noirs pauvres avec les Blancs pauvres. Mais les Noirs et les Blancs pauvres. C’est curieux en vérité2. »

Ifemelu raconte aussi comment, pour s’intégrer, elle a tenté de laisser une partie de soi-même au pays d’origine ; comment elle s’est efforcée de perdre son accent nigérian, teinté d’igbo et d’anglais, et de lutter contre ses cheveux naturellement crépus pour aller au boulot. Elle a vu comment ses amies se sont éclaircies la peau avec des produits nocifs et acharnées avec trois boulots pour payer l’école privée des enfants, ces mêmes enfants qui grandissent asphyxiés par le rêve américain de leurs parents ; tandis que les femmes nigérianes cherchent à vivre aux crochets d’hommes riches et puissants, bien souvent violents et machos.

Mais, après tout ce temps, Ifemelu pense aussi à Obinze, son amour de jeunesse qu’elle a quitté en venant aux États-Unis. Quinze ans après, elle revient au Nigeria, dont la critique sociale est tout aussi virulente…

Mon avis

Americanah est porté par Ifemelu, une jeune blogueuse nigériane au caractère franc, d’une nature observatrice, intelligente, déterminée, qui raconte la difficulté de s’aimer soi-même en pays étranger, de concilier deux cultures en une seule identité. Comment assumer ses cheveux crépus, quand toutes les femmes noires ont accepté de se brûler les cheveux pour qu’ils soient lisses comme ceux des Blanches ? Comment assumer son accent non américain, dans lequel se dessine toute une culture, toute l’histoire d’un pays ?

Son regard pertinent, sensible et politique, souvent amusé, parfois agacé, sur la société américaine, et particulièrement sur le racisme, est l’essence même d’Americanah. Car le racisme n’est le seul fait du Blanc WASP méprisant et réac, le racisme ordinaire est dilué en chacun de nous : souvent involontaire et né de l’ignorance. Avec justesse et profondeur, elle observe ces petits mots, ces gestuelles, ces petits riens qui traduisent les pensées des autres. Car en fine observatrice, Chimamanda Ngozi Adichie fait un travail remarquable de la langue, mêlés d’intonations igbos, anglaises et américaines, de réflexions sur les mots que choisissent les gens selon leurs origines.

Americanah est un roman de grande qualité et hautement recommandable, avec des réflexions d’une profondeur et d’une exactitude qu’on retrouve rarement ailleurs. Un roman fondamental et très riche : il serait dommage d’en dire plus, et dommage de ne pas avoir lu !

« Pourquoi faut-il que nous parlions toujours de race ? Ne pouvons-nous pas être simplement des êtres humains ? — C’est exactement le privilège des Blancs, que vous puissiez faire ce genre de réflexion3. »

De la même autrice

L'Autre moitié du soleil Chimamanda Nogzi Adichie (guerre du Biafra, Nigeria)

Nous sommes tous des féministes

Lisez aussi

Littérature

Black Girl Zakiya Dalila Harris 

L'Intérieur de la nuit Léonora Miano (Cameroun)

Tels des astres éteints Léonora Miano

Crépuscule du tourment Léonora Miano

Les Aubes écarlates Léonora Miano

Histoire d'Awu Justine Mintsa (Gabon)

Petit pays Gaël Faye (Burundi et Rwanda)

Le Chœur des femmes Martin Winckler

Beloved Toni Morrison

L'Œil le plus bleu Toni Morrison

À jeter aux chiens Dorothy B. Hughes 

Notre case est à Saint-Denis 93 Bouba Touré (Mali, Sénégal)

Les Maquisards Hemley Boum (Cameroun)

Voici venir les rêveurs Imbolo Mbue

Une si longue lettre Mariama Bâ (Sénégal)

Récits

Tant que je serai noire Maya Angelou

Un billet d'avion pour l’Afrique Maya Angelou 

Mon histoire Rosa Parks

Essais

Le Ventre des femmes Françoise Vergès

Le Deuxième Sexe 1 Simone de Beauvoir

Beauté fatale Mona Chollet

Ceci est mon sang Elise Thiébaut

Masculin/Féminin 1 Françoise Héritier

Libérées Titiou Lecoq

Non c'est non Irène Zeilinger

Tirons la langue Davy Borde

Décolonial Stéphane Dufoix

Bandes dessinées

Corps à coeur Coeur à corps Léa Castor

Camel Joe Claire Duplan

1. Page 81. -2. Page 192. -3. Page 385.

 

Americanah
(titre original)
Traduit de l’anglais (Nigeria) par Anne Damour
Chimamanda Ngozi Adichie
Éditions Gallimard
Collection Du monde entier
2015
528 pages
24,50 euros

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S
Oups redite *
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S
Décidément je savoure ton blog et ses chroniques ! :)<br /> Par contre sur l'écrivaine Chimamanda Ngozi Adachie je ne partage pas ton avis. Je n'ai pas du tout aimé Nous sommes tous des féministes, que j'ai trouvé assez complaisant avec le système en place. C'est un féminisme qui s'insère parfaitement dans le système capitaliste sans le remettre en question. Et surtout je l'ai trouvé très superficiel, on y apprend rien, on survol le problème du machisme et du sexisme sans entrer en profondeur dans le coeur du problème. Certaines de ces critiques se retrouve parfaitement dans Americanah je trouve. Je la trouve toujours très complaisante avec le système. Son personnage que je trouvais par moment très superficiel avec son côté "it-girl à la mode" m'avait aussi agacé.Bon comme la lecture a été faite il y a quelques mois je te remets ci-dessous mon avis goodreads de l'époque :)<br /> "Mon sentiment sur le livre oscille durant la lecture. Certains passages sont extrêmement forts, extrêmement justes.D'autres sont superficiels et bourgeois. Certains passages parlent de cheveux de maquillage pendant plusieurs pages, certaines réflexions du personnage principal sont légères et futiles, et l'écrivaine semble apprécier le coté people (elle dit a un moment sur beyoncé 'bey on t'aime mais..' ...), le coté salons congrès réceptions, et tous les aspects superficiels et bourgeois entachent d'autres passages pourtant plus profonds sur le ressenti et la vie des migrants en Amerique et en Europe et plus généralement face a des sentiments et sensations universellement ressentis et vécus.Sur la 4e de couverture, il est écrit "Sublime, Elle (USA)". Exactement le genre de roman que doit apprécier la rédaction du magazine Elle, ainsi que ses lectrices."
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L
C'est bon signe alors, c'est proche de la réalité. J'aime aussi le style des billets de son blog !
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J
J'ai adoré ce livre qui m'a rappelé ma propre expérience aux Etats-Unis sur certains points. J'ai particulièrement apprécié les billets d'Ifemelu.
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L
C'est vrai, mieux vaut attendre d'avoir du temps devant soi ! En tout cas pour ma part, je n'ai pas pu m'en décrocher, je l'ai lu rapidement et en plusieurs heures d'affilée, ce que je fais rarement.<br /> La rencontre avec l'auteur, j'avais trop hâte, et c'était chouette ! C'est passé trop vite ! Elle est revenue sur l'importance politique des cheveux, sur le racisme et l'ignorance des gens, avec humour et profondeur, et elle nous a dit avoir voulu écrire le livre qu'elle aurait aimé lire. Je l'ai trouvé sincèrement modeste ("ma vie n'est pas aussi intéressante que celle d'Ifemelu"), mais le truc c'est qu'elle ne nous regardait pas du tout, elle regardait la traductrice, l'animateur ou la table, probablement par timidité. J'ai été vraiment conquise !
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A
Il m'attend dans ma PAL pour mon club de lecture.
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E
Après avoir fait un tabac en Amérique, ce roman fait parler de lui chez nous, et, jusqu'à présent, je n'en ai lu, comme ici, que du bien. Pour le moment, seul le nombre de ses pages me freine. Je préfère attendre d'avoir du temps devant moi pour m'y plonger car je ne suis pas certain qu'ils supporte une lecture en pointillés.Et ta rencontre avec l'auteur, tu vas nous en faire l'écho ? Je l'ai vue à la Grande Librairie et elle a l'air "d'en imposer", non ?
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